Être parent est sans doute l'une des aventures les plus passionnantes et complexes de la vie. Pourtant, à la différence de nombreuses autres expériences majeures, peu d'entre nous considèrent la parentalité comme un domaine où il serait légitime de se former ou de chercher de l'aide. Si l'on suit des formations pour conduire, pour travailler ou même pour des loisirs, pourquoi pas pour accompagner nos enfants dans leur développement ?
Beaucoup de parents pensent que parce qu’ils ont été enfants eux-mêmes, ils savent intuitivement comment élever un enfant. Pourtant, la réalité est bien plus complexe. Chaque enfant est unique, et chaque famille possède sa propre dynamique. Le célèbre psychiatre et psychanalyste Daniel Stern a montré que chaque enfant perçoit le monde de manière différente, en fonction de son propre développement affectif, cognitif et émotionnel. Ce que nous, en tant qu'adultes, avons vécu dans notre enfance, ne peut donc pas être transposé directement à la parentalité actuelle.
Prenons l’exemple des cris. Beaucoup de parents, sous le coup de l’émotion, crient sur leurs enfants pour obtenir une réaction immédiate. Toutefois, des études montrent que crier sur ses enfants a des conséquences négatives à long terme. Une étude menée en 2013 par l'Université de Pittsburgh a révélé que les cris fréquents chez les parents étaient associés à une augmentation des problèmes de comportement chez les enfants, notamment l'agressivité et les symptômes dépressifs. Si crier semble parfois efficace à court terme, cela détériore progressivement la relation parent-enfant et n’enseigne pas à l’enfant la gestion de ses propres émotions.
En apprenant à gérer les conflits familiaux sans recourir aux cris, les parents peuvent renforcer la relation de confiance avec leurs enfants tout en instaurant des limites claires et respectueuses. Des ateliers de parentalité positive, par exemple, proposent des alternatives pratiques aux cris, comme l’usage du temps de pause ou encore l’utilisation de phrases positives pour encourager les comportements souhaités.
Dans tant d’aspects de notre vie quotidienne, nous acceptons l'idée que nous devons apprendre, nous former ou nous perfectionner pour mieux réussir ou mieux comprendre. Nous prenons des cours pour obtenir un permis de conduire, des formations pour être plus performants dans nos emplois, des séminaires pour apprendre à gérer notre temps ou notre stress, et même des cours de cuisine pour améliorer notre alimentation.
Dans le cadre professionnel, il est courant de suivre des formations en gestion d’équipe, en communication ou en résolution de conflits. Nous n’hésitons pas à investir du temps et de l'argent pour apprendre à mieux gérer nos finances personnelles, ou pour nous adapter aux nouvelles technologies à travers des formations en numérique ou en cybersécurité. Il est également fréquent de suivre des cours de yoga, de pleine conscience ou de méditation pour améliorer notre bien-être mental et physique.
Et pourtant, quand il s'agit de la parentalité — un domaine incroyablement complexe qui influence directement le développement émotionnel, social, et cognitif de nos enfants — nous hésitons souvent à demander de l’aide ou à nous former. C’est comme si l’amour seul devait suffire à répondre aux défis quotidiens de l’éducation et des relations avec nos enfants.
Mais la réalité est bien différente. Élever un enfant ne se résume pas à l’amour et à l’instinct. C'est un processus qui demande une grande variété de compétences, allant de la gestion des émotions à la communication bienveillante, en passant par l'accompagnement des enfants dans leur autonomie, la gestion des conflits familiaux, et la réponse aux défis liés à la pression scolaire, aux réseaux sociaux ou au développement personnel de l’enfant.
Bien sûr, nous avons tous été enfants, mais cela ne signifie pas que nous savons instinctivement comment parler à un enfant, et encore moins comment gérer ses émotions, ses frustrations ou ses angoisses. Nos propres schémas parentaux influencent souvent nos comportements. Parfois, ces schémas fonctionnent bien, mais dans de nombreux cas, ils sont inadaptés aux besoins de nos enfants et à la réalité d'aujourd'hui.
Les recherches en neurosciences affectives, telles que celles menées par le Dr Allan Schore, montrent que les enfants qui grandissent dans un environnement où l’écoute et la communication bienveillante sont mises en avant développent une meilleure régulation émotionnelle. Cela signifie qu’ils apprennent à mieux gérer leurs émotions et à résoudre les conflits sans violence. De nombreuses méthodes de parentalité moderne, comme la communication non violente (CNV), permettent aux parents de mieux comprendre les besoins émotionnels de leurs enfants et d'adapter leur réponse en conséquence.
Se former à la parentalité, c’est avant tout accepter que nous ne savons pas tout. C’est mettre de côté son ego et admettre que, bien que nous aimions profondément nos enfants, l’amour seul ne suffit pas à répondre à leurs besoins émotionnels et comportementaux.
Des études montrent que les premières années de la vie sont cruciales pour le développement du cerveau des enfants. Entre la naissance et l'âge de 3 ans, 90 % du cerveau de l’enfant se développe. Ce qui signifie que les interactions précoces avec les parents jouent un rôle déterminant dans le développement de l’enfant. Les recherches de Jack P. Shonkoff, expert en développement de l'enfant à Harvard, montrent que des interactions bienveillantes et sécurisantes avec les parents favorisent la croissance saine du cerveau et le développement social et émotionnel.
Il y a 20 ou 30 ans, être parent était déjà un défi, mais les problématiques étaient bien différentes. Aujourd'hui, les enfants grandissent dans un monde où la technologie fait partie intégrante de leur quotidien. Selon une étude réalisée en 2020 par Common Sense Media, les enfants de 8 à 12 ans passent en moyenne 5 heures par jour devant un écran, et ce chiffre monte à 7 heures 22 minutes pour les adolescents. Les réseaux sociaux façonnent leurs relations, l’accès à l’information est quasi instantané, et les pressions extérieures, qu’elles soient scolaires, sociales ou culturelles, sont omniprésentes.
Le cyberharcèlement est l'une des conséquences de cette hyperconnexion. Une enquête menée par UNICEF montre que 1 enfant sur 3 est victime de cyberharcèlement à travers le monde. Les parents peuvent parfois se sentir démunis face à ces problématiques, car ils n'ont pas grandi avec les mêmes outils. Se former à la parentalité peut aider les parents à mieux comprendre les comportements numériques de leurs enfants, à identifier les signes avant-coureurs du harcèlement en ligne, et à savoir comment réagir.
L’un des plus grands obstacles à la formation parentale est souvent l’ego. Beaucoup de parents craignent que demander de l’aide ou se former soit perçu comme un aveu d’échec ou un manque de compétence. Pourtant, admettre que nous avons besoin d’apprendre est une force, pas une faiblesse.
Une étude réalisée par Triple P (Positive Parenting Program) a montré que les parents qui participent à des programmes de formation à la parentalité rapportent une diminution significative du stress parental et une amélioration des comportements de leurs enfants. Ils se sentent plus confiants et plus compétents dans leur rôle parental, ce qui améliore non seulement leur bien-être, mais aussi celui de leurs enfants.
Se former à la parentalité, c'est aussi acquérir des outils concrets pour mieux gérer les moments difficiles. Que ce soit pour éviter de crier, gérer les conflits ou comprendre les besoins émotionnels de son enfant, ces formations offrent des solutions qui peuvent transformer le quotidien familial. Des méthodes comme la parentalité bienveillante ou l’éducation positive se basent sur des recherches solides en psychologie et en neurosciences.
En fin de compte, se former à la parentalité n'est pas un signe de faiblesse, mais une preuve d'amour et d'engagement. C'est vouloir le meilleur pour ses enfants tout en reconnaissant que nous ne savons pas tout et que nous avons aussi besoin d'apprendre pour grandir avec eux. Chaque enfant est unique, et chaque famille l’est aussi. En s'informant, en apprenant de nouvelles approches et en mettant de côté son ego, nous investissons directement dans le bien-être de nos enfants et dans l’harmonie de notre famille. Cela permet d’établir une base solide pour des relations familiales plus épanouissantes et apaisées.
Se former, c’est se donner les moyens de mieux comprendre, de mieux communiquer, et d'accompagner ses enfants dans un monde en constante évolution.
Vous souhaitez aller dans cette démarche? je vous accompagne avec des ateliers ou accompagnement privés en cabinet ou en visio. Vous pouvez me contacter par mail ou tel.
Audrey